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Music Box on February 7, 2023

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🎥 "Webert Sicot en live au Rex théâtre à Port-au-Prince, 1982"

https://youtu.be/WcxQ6M4aFu4

Par Louis Carl Saint Jean

Ce Webert Sicot était un homme génial, effectivement, comme tu l'as si bien dit, le plus grand saxophoniste haïtien de tous les temps. Pourtant, rares sont ceux qui se souviennent de lui. Pour cause ! C'est que chez nous, le plus souvent, les génies sont relégués aux oubliettes de l'histoire, parfois ils sont même diabolisés tandis que sont glorifiés et déifiés des vulgaires et des médiocres.

Jamais aurait dû être passé sous silence le jour de l'anniversaire de naissance ou celui de la mort des Occide Jeanty, Théramène Ménès, Justin Elie, Lina Mathon Blanchet, Antalcidas Murat, Werner Jaegerhuber, Guy Durosier, Raymond " Ti Roro" Baillergeau, Lumane Casimir, Hulric Pierre-Louis, Michel Desgrottes, Alfred Moïseet, Lumane Casimir, Martha Jean-Claude, Emerante de Pradines et d'autres gloires musicales haïtiennes. En cette occasion, on ne lit jamais un simple message de rappel. Or, on le fait année après année pour d'anciens musiciens primaires, vulgaires et médiocres. Et nous avons le toupet de parler de changement dans le pays.

Nous avons trop souvent offert de mauvais modèles, de mauvais guides, de mauvais repères à la jeunesse. Parfois, on voit même, surtout en Amérique du Nord, des intellectuels encensés d'anciens proxénètes, d'anciens " débrouillards" (dans le sens haïtien du mot) ayant passé leur vie à s'adonner à d'autres " activités marginales".

Merci, Wilfrid, d'avoir pensé à nous rappeler la date d'anniversaire de Webert Sicot, le " maestro difficile". Suis-je un admirateur de cette affaire de " cadence rampa"? Non ! À Dieu ne plaise ! Cependant, je dois avoir le courage de saluer en Webert Sicot un musicien hors pair, un virtuose du saxophone.

Parlant de Webert Sicot, le peuple haïtien, la nation haïtienne doivent une fière chandelle à celui qui l'avait encouragé celui-ci à étudier la musique et qui l'avait formé. Je parle de l'illustre compositeur Augustin Bruno. Ce dernier, devenu manchot en 1938, du milieu des années 1930 à 1963, a formé au moins 70% des musiciens qui avaient évolué sur notre scène des années 1940 jusqu'à celles " déraisonnables" de 1980.

C'est par le génie d'Augustin Bruno qu'avait été remis sur pied, en 1943, la fanfare militaire du Département du Sud, dont le QG se trouvait aux Cayes. Lorsque, vers la même époque, aux Gonaïves, le maestro Fernand Bien-Aimé devait former la fanfare militaire du Département de l'Artibonite, c'est à Augustin Bruno qu'il avait fait appel. La fanfare militaire du Département du Nord - au Cap-Haitien -, au cours du XXè a été dirigé par des chefs de génie. Je pense en vrac à David Désamour, Hilarion Toussaint, Ferdinand Gay, Léonville Gédéon, O'Firmin Savaille, etc. Mais, depuis le milieu des années 1940, l'âme de cet orchestre a toujours été maître Augustin Bruno. Il est celui qui avait formé au moins 80% des musiciens de " La Musique du Palais ", dirigée, tour à tour, au cours du XXe siècle, par l'immortel général, le nationaliste Occide Jeanty, le capitaine Luc Jean-Baptiste, le capitaine David Désamour, le capitaine Charles Paul Ménard, le lieutenant, futur major Ipharès Blain, etc.

Au moins 70% des musiciens des ensembles des années 1950 à 1980 avaient reçu leur formation à la Maison Centrale des Arts et Métiers par l'illustre maestro Augustin Bruno. (En passant, selon moi, Sténio Vincent avait réalisé une seule œuvre de valeur au cours de sa gestion de notre pays : la réouverture de La Maison Centrale des Arts et Métiers. Il l'avait fait, je tiens à le rappeler, sur la recommandation de Fernand Crepsac, ancien maire, comme lui, de la ville de Port-au-Prince.)

À la capitale, des années 1940 à la décennie 1970, trois institutions principales formaient nos musiciens : L'Institution Saint Louis de Gonzague, le Petit Séminaire Collège Saint Martial (PSCSM) et La Maison Centrale des Arts et Métiers. L'âme de cette dernière était maître Augustin Bruno.

Selon certains devanciers, dont le trompettiste Raymond Marcel et Paul Choisil, au cours des années 1950, à part La Musique du Palais, la fanfare de La Maison Centrale, dirigée par Augustin Bruno, était la meilleure fanfare du pays, du moins de " La république de Port-au-Prince ". Et Raymond Marcel et Paulo Choisil furent d’anciens membres de la fanfare du PSCSM !

En outre le génial Webert Sicot, Augustin Bruno a formé ces musiciens suivants (la liste sera très longue): Charles Paul Ménard, William Dorcely, Roger Henri, Roger Gabriel, Lucien Henri, Kesnel Hall, Hilario Dorval, Marcel Bichotte, Dieujuste Dorlette, Alfred Dorlette, Luc Mondésir, Alphonse Jean-Louis, René Durogène, Raymond Sicot, Nelson Daricot, Avain Valdémar, Liautaud " Yafa" Domingue, Gesner Domingue, Gervais Guirand, Emilio Gay, Salomon Dépestre, Dante Pierrot, Max Pierrot, Louis Télémaque, Volny Souffrant, Kébreau Jean, Clarel Jean, Emmanuel Figaro, Jean-Claude Augustin, Gérard Morel, Marcaisse Blanchard, Wilner Guillaume, Jacques Vertus, etc. De cette liste, qu'on me cite un seul médiocre ! Ils furent tous des musiciens exceptionnels.

Apprenons à célébrer, à honorer des gens de valeur. Apprenons à glorifier des hommes et des femmes de valeur, qui ont servi le pays avec distinction.

Puisse Dieu, dans son grand amour, avoir pitié de Webert Sicot, ce musicien génial, et du grand maestro et professeur Augustin Bruno et leur accorder une place à sa droite dans son Ciel de gloire et de félicité.

Louis Carl

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